Cinq questions à Laure Kermen

Laure Kermen, vous êtes Déléguée générale de la Fondation Groupe ADP. Pouvez-vous nous présenter les engagements de votre fondation ? 

La fondation du groupe ADP a choisit au moment de sa création de focaliser son action sur la prévention de l'illettrisme et du décrochage scolaire sur ses territoires d'implantation, à savoir Paris et les pays où nous sommes en charge d'aéroports. Nous ne devions pas de cette ligne depuis bientôt 10 ans car c'est un sujet de longue haleine, et le soutien à nos partenaires associatifs doit être structurant si l'on veut qu'il produise des effets. 

Dans cette perspective, vous êtes mécène du programme Art en immersion porté par Culture pour l’Enfance. Depuis 2020, votre soutien a permis à près de 10 000 enfants franciliens de découvrir l’art et la culture. 

Pourquoi avoir choisi de soutenir le programme Art en immersion ? En quoi est-il innovant ? 

Le programme nous a semblé répondre à un certains nombres de critères essentiels a nos yeux : il s'adresse aux petits, or nous savons que plus tôt nous les ouvrons à l'art plus vite ils déploient une capacité forte à découvrir, ils deviennent curieux et donc développent un esprit critique. Par ailleurs, le programme s'adresse à des jeunes qui sont malheureusement souvent éloignés de la pratique artistique, or nos territoires d'implantation sont tous situés en quartier politique de la ville. Enfin, le programme ne se contente pas de faire des ateliers, il forme et donne des outils pertinents aux enseignants pour qu'ensuite ils puissent le déployer auprès d'autres élèves, et ça c'est innovant !

Vous qui êtes engagés dans la lutte contre le décrochage scolaire, pouvez-vous nous expliquer en quoi les programmes d’éducation artistique et culturelle (EAC) tels que Art en immersion sont-ils des outils de lutte contre ce phénomène ? 

Nous le savons, l'accompagnement académique classique est essentiel mais ne suffit pas à sortir de l'école des jeunes éclairés, dotés d'un esprit critique suffisant, prêts à attaquer leur vie de jeunes adultes avec toutes les armes nécessaires. Les programmes d'EAC sont à nos yeux indispensables pour palier ce manque du système scolaire. Quand j'utilise le verbe palier, il ne faut pas le lire comme une critique à l'égard de l'école. Je crois qu'elle fait le maximum avec les moyens qu'on lui donne… Je dis simplement que ces programmes d'EAC, que ce soit par le biais de la musique, de la peinture, du dessin ou de l'art oratoire… sont des programmes qui aident les jeunes à s'ouvrir, à découvrir, à considérer l'art sous toutes ses formes comme accessible. Cela fait travailler leur imagination, l'activité en collectif, la rigueur, l'expression d'un avis propre, etc. C'est primordial pour devenir un citoyen de ce monde !

Votre soutien se concentre vers les territoires d’Île-de-France, en lien avec les implantations du Groupe ADP. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette territorialisation de l’action est importante ? 

C'est même déterminant pour nous. Un aéroport c'est une ville dans une ville. 130 000 collaborateurs font vivre les 3 aéroports de Paris et 12 aérodromes d'Île-de-France. L'activité économique est considérable et génère un PIB de 6 milliards d'euros ! Faire en sorte de partager les retombées de cette valeur avec nos territoires nous semble essentiel pour que les habitants qui nous entourent vivent mieux.

Laure Kermen, vous êtes également Directrice de l’Engagement Sociétal et de la Stratégie RSE du Groupe ADP. L’engagement sociétal est aujourd’hui stratégique pour les entreprises. Selon vous, quelles synergies se dessinent entre la RSE et le mécénat pour les prochaines années ? 

Pour moi la synergie est intrinsèque à la RSE. La dimension sociétale de notre stratégie RSE se compose justement de l'attention que nous portons à nos territoires aussi bien en matière de développement économique, de formation, d'économie sociale et solidaire, d'attractivité que de mécénat en direction de nos partenaires associatifs. Le but est de travailler avec nos partenaires territoriaux à l'avenir de notre bassin économique ou l'éducation et l'épanouissement professionnel ensuite sont profondément liés. Un enfant dont la scolarité n'est pas réussie et choisie sera en difficulté ensuite pour trouver un emploi et s'épanouir professionnellement. C'est avec cet objectif permanent en tête que nous avançons sur plusieurs fronts.

Un grand merci à Laure Kermen pour son engagement à nos côtés, et à la Fondation Groupe ADP qui soutient avec fidélité notre projet Art en immersion depuis 2020. C'est grâce à leur soutien que nous avons pu développer le projet qui touche désormais 8 000 enfants chaque année à travers la France.